SOISSONS
"Augusta Suessionum" fut reconstruite par les Romains dans la vallée de l'Aisne au carrefour de routes importantes (nom déformé de chaussée Brunehaut). Au 3ème, la ville se replia sur un territoire fortifié beaucoup plus réduit : c'est alors que les cordonniers Crépin et Crépinien vinrent l'évangéliser et y furent martyrisés en 287. Siège d'un évêché où Clovis en 486 vainquit le général romain Syagrius (célèbre épisode du vase de Soissons). Capitale de la Neustrie, la cité fit l'objet d'âpres disputes, mais vit la fondation de nombreuses abbayes. Pépin le Bref provoqua un concile à Soissons en 744 et y convoqua en 751 les grands du royaume en assemblée générale pour se faire acclamer roi et sacrer. En 923, Charles le Simple y fut battu par Hugues le Grand qui ne put toutefois, en 948, prendre la ville tenue par Louis IV d'Outremer. En 978 Lothaire et Hugues Capet battirent l'empereur Othon au lieu dit le Champ-Souillant. Le temps du passage des Carolingiens aux Capétiens fut marqué par 12 conciles tenus à Soissons et la création du comté de Soissons. La ville tomba aux mains de la famille de Nesles en 1141, puis dans celles de Jean de Hainaut en 1317 et des Châtillon en 1342. La veuve d'Enguerrand VII de Coucy, qui avait acquis en 1397 le comté de Soissons, le vendit en 1400 au duc d'Orléans (érection en pairie en 1440); en 1656, le comté avait 2 titulaires : d'une part le duc d'Orléans et le roi, de l'autre les Bar (1412), puis les Luxembourg (1435), les Bourbon-Vendôme (1487) et les Bourbon-Condé (1569). De 1656 à 1734, Eugène de Savoie-Carignan et ses descendants devinrent comtes uniques de Soissons, puis les ducs d'Orléans jusqu'à la Révolution. Les comtes avaient sous eux des vicomtes (les Coucy et les d'Estrées); 4 autres vicomtes portaient conjointement le titre curieux de quart comte de Soissons. Au 12ème, une charte communale fut accordée, 6 conciles tenus entre 1078 et 1201 (dont celui qui condamna Abélard en 1121). De nouvelles abbayes furent créées, l'enceinte fortifiée construite. Soissons changea de mains près de dix fois de 1411 à 1436. En 1567, malgré la construction d'une nouvelle enceinte bastionnée, elle fut pillée par les calvinistes, puis donnée comme place de sûreté aux Guise. Mayenne, son gouverneur, fit soumission en 1596 à Henri IV qui créa présidial et généralité. La Fronde amena l'occupation de la ville de 1614 à 1617 et la création de nouveaux couvents. Le congrès de paix s'y tint en 1728. Avant la Révolution, Soissons avait 11 paroisses, était le siège d'un évêché, de 6 chapitres, de 6 abbayes d'hommes, d'une abbaye de femmes bénédictines, de 6 couvents (cordeliers, minimes, capucins, congrégation Notre-Dame, feuillants, minimeppes); on y comptait aussi une commanderie de Malte (à Maupas), un séminaire, un hôtel-Dieu (héritier des biens de nombreuses maladreries), un hôpital général, 3 collèges (St-Nicolas, Sainte-Catherine, Bauton), une académie, une société d'agriculture, un bailliage royal, une maîtrise des Eaux et Forêts, un siège présidial, un bureau des Finances; c'était aussi la résidence, depuis 1595, d'un intendant de généralité pour qui un magnifique palais fut reconstruit en 1772. En 1790, Soissons conserva l'évêché unique du nouveau département de l'Aisne mais perdit l'administration civile transférée à Laon. En 1824, Soissons fut pris par les Russes, réoccupé par les Français, repris par les Prussiens (incendie de l'hôtel de ville), et subit un troisième siège après l'échec de la manoeuvre de Napoléon devant Laon. La ville fut encore assiégée, bombardée et prise par les Prussiens en 1870. Occupée en septembre 1914 et du 29 mai au 2 août 1918, elle souffrit des combats du Chemin des Dames et du pilonnage d'artillerie : elle fut presque entièrement reconstruite entre les 2 guerres