LAON
Laon fut habité dès la préhistoire en raison de son site
hospitalier et facile à défendre (ce n'est pas toutefois le fameux Bibrax, comme
on le crut au 19ème). Occupé par les Celtes, puis par les Rèmes et ensuite par
les Romains qui n'en firent pas toutefois un chef-lieu de cité, Laon prit son
importance avec l'essor du christianisme, puis à la suite des grandes invasions
en bénéficiant du démembrement du diocèse de Reims et en devenant résidence et
place forte des Carolingiens (les derniers de ceux-ci étaient dits rois de
Laon). Prise par Hugues Capet à la suite de la trahison de l'évêque Adalbéron,
la ville perdit son rang de capitale, mais resta ville royale : Robert Ier y fut
couronné (996) et Philippe Auguste y construisit un palais. Les 12ème et 13ème
furent à la fois une période de troubles sociaux et politiques et une époque de
grand développement économique (agriculture et commerce du vin) qui se
traduisirent après de nombreuses péripéties par une charte communale confirmée
définitivement en 1190. Fondation en 1120 de l'ordre des prémontrés par saint
Norbert; les évêques de Laon prirent le titre de pair de France, puis de duc de
Laon (seul duc ecclésiastique de France) et de comte d'Anizy; nombreux et
puissants chapitres, dont 3 chanoines devinrent papes (ainsi qu'un moine
prémontré), l'université brillait d'un vif éclat avec des maîtres illustres
comme Anselme et Gautier de Mortagne ; maladrerie Saint-Lazare et hôtel-Dieu
florissants ; grand bailliage du Vermandois disposant d'un ressort important ;
Laon, la "ville sainte", comptait, outre sa cathédrale, 4 abbayes, 45 églises et
17 chapelles. Déclin au 14ème : démembrement du grand bailliage, suppression de
l'université, chute de la production au bénéfice de la spéculation. Laon fut
disputé au cours de la guerre de Cent Ans entre Anglais, Bourguignons et troupes
royales jusqu'en 1429. Le 16ème fut marqué par la création d'un siège présidial
(1551), le fameux procès de Nicole de Vervins accusée de possession démoniaque
et les progrès des calvinistes. Laon, qui avait pris le parti de la Ligue,
s'opposa opiniâtrement à Henri IV qui prit la ville définitivement en 1594 après
un siège de trois mois : l'indemnité de guerre de 30 000 écus, la destruction de
tout le quartier oriental en vue d'établir une citadelle et le transfert à
Soissons de la généralité portèrent un grave coup à la prospérité de la ville.
La ville souffrit d'un tremblement de terre en 1691. A la veille de la
Révolution, Laon était le siège d'innombrables institutions civiles et
religieuses ainsi que de nombreuses juridictions. En 1790, Laon perdit son
évêché, son chapitre et la plupart de ses juridictions, mais devint le siège de
l'administration départementale malgré la vive opposition de Soissons. En 1814,
Laon fut investie par les cosaques et les Prussiens en février et, en mars, ce
fut l'échec de la contre offensive de la dernière chance de Napoléon ; la ville
fut encore occupée par Blücher en 1815. A la fin du 19ème, Laon devint un centre
ferroviaire important, mais l'absence d'une voie d'eau fut un obstacle à son
développement. Laon pâtit des trois dernières guerres : explosion de la
poudrière de la citadelle en 1870; occupation de septembre 1914 à octobre 1918
par les Allemands, bombardements d'artillerie et combats de la Libération ;
occupation en 1939/45, bombardements et combats pour la reprise de la ville par
les Américains. Laon est la patrie de saint Remi, de Berthe-au-Grand-Pied (mère
de Charlemagne), des rois Louis IV d'Outremer (854-920), Lothaire (986), Louis V
(987); des peintres Quarton (14ème), Antoine (1588-1648), Louis (1593-1648) et
Mathieu (1607-1677) Le Nain, Jean-Simon Barthélemy (1743-1811), du musicien N.
Lebèque (1631-1702), du jésuite explorateur Marquette (1637-1675), du maréchal
Sérurier (1742-1819), de l'astronome Méchain (1744-1805), de Jules Husson dit
Champfleury (1821-1889); séjours de Paul Doumer et du maréchal Foch; Jean Bodin
(1520-1596), procureur du roi et fondateur de la science politique, y mourut.